Login

Réforme de la Pac DPU : maintenir le revenu en augmentant les vêlages

Sur tous les systèmes allaitants, la réforme de la Pac et l’application des DPU se traduit par une baisse de l’EBE (Excédent brut d’exploitation) et du revenu de l’exploitation. Mais des solutions existent. Dans plusieurs cas elles passent par l'augmentation du nombre de vêlages. Explications.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

L’application des DPU entraîne une moindre rémunération des actes de production en élevage allaitant. La production la plus touchée : celle des vaches finies et les jeunes bovins. A conjoncture équivalente avant (2005) et après la réforme (2006), l’efficacité des actes de production des jeunes bovins et des vaches finies chute respectivement de la valeur de référence 100 % à 59 et 58 %.

 

Pour en savoir plus :

Elevage allaitant : ce qui va changer en terme d’aides selon les types d’animaux produits

Les éleveurs vont raisonner leurs choix de production hors aide DPU

Ces résultats ont été présentés jeudi 15 septembre par Claude Vincent, conseiller à la Chambre d’agriculture de l’Indre lors d’une journée technique organisée à la ferme expérimentale des Bordes par Arvalis-Institut du végétal et consacrée aux stratégies d’adaptation à la réforme de la Pac (*). Il ressort des travaux de Claude Vincent que la production des génisses finies à 30-33 mois résiste un peu mieux, avec une efficacité de 67 %. Le meilleur maintient concerne avec 75 % d’efficacité le vêlage supplémentaire (sans PMTVA).

« Nos réflexions nous amènent à penser que les choix de production vont vraisemblablement se réaliser selon les niveaux de prix adoptés par le marché », souligne Claude Vincent. « Les éleveurs vont raisonner leurs choix de production hors aide DPU. »

Quoi qu’il en soit, sur tous les systèmes allaitants, la réforme de la Pac et l’application des DPU se traduit par une baisse de l’EBE (Excédent brut d’exploitation) et du revenu de l’exploitation. Dans le cas d’une exploitation type de 92 UGB, 60 ha de surface fourragère et 52 vêlages par an, l’EBE après application du découplage, connaît une chute de 6,6 %. Cet exemple concret présenté par Claude Vincent n’a valeur que dans le cas précis d’une production de 21 génisses et vaches finies, 11 taurillons, 10 broutards repoussés. « Ceux qui priment tous leurs mâles aujourd’hui subiront une baisse plus significative », souligne le technicien.

L’option la plus efficace en terme économique

Pour maintenir le revenu dans la nouvelle réforme, différentes options et différents scénarios ont été simulés pour évaluer l’intérêt de chaque piste d’adaptation. « Un éleveur naisseur spécialisé, situé en zone herbagère (type limousin) peut maintenir son revenu en 2007, sans modification de la conjoncture, en augmentant d’environ 6 % le nombre de vêlages (+5 vaches pour 80 vêlages) », présente Sylvie Brouard, de l’Institut de l’élevage (*). Comme dans l’étude réalisée par Claude Vincent, les vêlages supplémentaires semblent l’option la plus efficace en terme économique. « Si actuellement, il y a un intérêt économique à finir les produits, après le découplage la finition perd son avantage par rapport aux vêlages supplémentaires », détaille-t-elle. « Cependant, sous condition que la finition d’animaux ne nécessite aucun investissement sur la ferme, le maintient du revenu peut être envisagé par la finition de la moitié des broutardes ou de 55 % des mâles issus de l’élevage. »

« Chez un naisseur engraisseur, toujours en zone herbagère type limousin », poursuite Sylvie Brouard, « l’augmentation limitée du nombre de vêlage est également l’option la plus intéressante. Le maintien du revenu est obtenu par une augmentation de 6,5 % du nombre de vêlages. En effet, après découplage, et toujours dans le contexte de prix actuel, la stratégie d’augmentation de vêlages devient plus intéressante que la finition avec achat. La finition d’animaux maigres achetés ne reste intéressante qu’à la condition de doubler les lots engraissés. »

Surveiller de très très près l’évolution du marché

Ces tendances sont calculées dans la conjoncture de prix actuelle et toute modification des cours aura des effets directs et très marqués sur l’intérêt des différents scénarios. Ces options s’intègrent dans une démarche d’adaptation de l’exploitation à surface constante et dans un niveau d’intensification compris entre 0,1 et 0,2 UGB/ha de SFP. Ce sont des évolutions qui ne remettent pas en cause l’ensemble du système. Mais il est bien évident que d’autres pistes peuvent être étudiées. Il sera également très important de surveiller de très très près l’évolution du marché. « Dans les années 1989-1990, l’écart de prix entre le gras et le maigre se situait aux alentours de 1,08 € », a constaté Sylvie Brouard. « Cet écart s’est réduit sous l’effet des aides à la production et finalement l’écart de prix entre jeunes bovins et broutards est descendu à 0,42 € en 2003-2004 », présente-t-elle. Et de lancer alors cette question : « Va-t-on revenir à un écart de prix plus important ? » 

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement